Au bloc. Les yeux dans les yeux.

Publié le par Galien -

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Voilà l'été.
Et voici 2 jours que j'ai commencé mon stage - tant redouté - dans une clinique d'Aix-les-Bains, en chirurgie ambulatoire. Pour faire court, l'ambulatoire, c'est : je rentre la matinée pour me faire opérer, et je ressors guéri dans l'après-midi.

Tehniquement, dans mon cas, c'est assez limité : Prises régulières de tensions pré-op et post-op (surveillance des complications dues aux anesthésies), j'ai l'air d'un petit docteur en toc avec mon stéthoscope autour mon cou et mon tensiomètre manuel.
Quelques dextros pour vérifier la glycémie des patients diabétiques.
Et puis, paperasses, pas mal de paperasses.
Bientôt, nouveauté pour moi, je vais poser des cathéters le long des voies veineuses périphériques.
Et pour terminer la journée, désinfection et réfection des douze lits de mon service.
Pas la joie, mais pour l'instant tout va bien. Heureusement, mes collègues infirmières sont très gentilles, et me laissent une vraie marge de liberté pour sortir de mon périmètre.

D'ailleurs, j'ai assisté aujourd'hui à ma première intervention au bloc opératoire. Ablation de varices.
J'ai pu assister à toute la préparation de l'opéré, l'anesthésie, et l'opération elle-même. En gros, le chirurgien fait des trous dans le pli dans l'aine, et en bas du mollet, et "tire" violemment la veine pourrie pour l'extraire du membre inférieur. J'ignorais qu'on pouvait ainsi ôter des veines d'un être humain !

On m'a dit avant : prends du sucre, y en a plein qui supportent pas. Mais j'ai tenu, sans aucun problème. La viande, je connais, je ne suis pas (encore) végétarien.

Au bloc, j'ai fait la connaissance de Delphine, infirmière depuis 2001. Elle me posait pas mal de questions, et se montrait à la fois curieuse et intéressante dans ses réponses à mes questions.

Le bloc est un lieu singulier où, paratiquement couverts de la tête aux pieds, seuls les yeux restent visibles, et portent toutes nos expressions faciales. Delphine a de beaux yeux très bleus. Mais je suis incapable de dire si elle avait un beau visage. Reste que, dans ces conditions, j'ai l'impression que les échanges de regards n'en ont que plus d'intensité.
Ce n'est pas sans me rappeller ces fêtes italiennes, la comedia dell'Arte, où chacun porte un masque aux expressions figées, et où une seule partie du visage reste visible pour l'entourage. Chacun cherche à percer le masque, pour mieux se s'impressionner, se séduire, et se plaire. C'est dans notre nature de regarder l'autre côté du miroir...

Cacher, pour mieux se montrer. Cacher, pour mieux être vu.
Au bloc, le contexte est différent, mais au fond, un masque est un masque, et un humain reste un humain, n'est-ce-pas ? Après c'est juste le costume qui change...

Publié dans Au fil des jours

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